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...Suite Bordeaux
Votre "grand vin
du château"

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Devenez pendant quelques minutes le propriétaire
d'un des 61 châteaux célèbres du Médoc.
Voir EDUCVIN : Votre talent de la dégustation
Chapitre 65 : la vigne dans les temps historiques récents
Ses caractéristiques sont simplifiées pour l'exemple.
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Domaine de 80 ha de vigne, réparties en 40 parcelles
de 2 ha en moyenne, dont :
-
25 parcelles en cabernet-sauvignon,
-
10 parcelles en merlot,
-
et 5 parcelles en cabernet franc,
selon l'adaptation impérative de ces cépages avec le
type de sol qui leur convient le mieux.
La pyramide d'âge des vignes est constituée :
-
5 ha = en préparation de replantation
-
10 ha = jeunes vignes < 5 ans
-
20 ha cépages cabernet-franc,
merlot et cabernet-sauvignon de 6 à 15 ans
-
25 ha cépages cabernet-franc,
merlot et cabernet-sauvignon de 16 à 25 ans
-
20 ha cépages merlot et cabernet-sauvignon
> à 26 ans.
Les vendanges se sont bien déroulées après une année
climatique "exceptionnelle" : d'abord les parcelles de merlot, puis
les cabernet-franc, puis les cabernet-sauvignon, selon leur ordre d'arrivée
à maturité optimale.
Toute la presse internationale s'est déjà fait l'écho des bonnes conditions
climatiques, qui dépassent celles du "millésime du siècle" !
Les pratiques culturales raisonnables ont limité en moyenne la production
à 55 hl / ha, avec des parcelles qui ont un peu dépassé le rendement
maxi autorisé pour l'appellation communale (60 hl/ha), et d'autres parcelles
qui n'ont donné que 45 hl/ha.
Au total dans le chai, vous disposerez, après les pertes liées aux vinifications
et à l'élevage du vin, de : 55 hl x 75 ha = 4 125 hl - 5 % = 3 920 hl,
qui correspondent au total à 522 500 bouteilles.
Au cours de la vinification, le maître de chai, et
l'oenologue conseil ont dégusté et re-dégusté toutes les cuves à tous
les stades de l'élaboration. Ils ont répertorié selon différents critères
chacune de la trentaine de cuves homogènes obtenues : cépages, âge de
la vigne, type de vinification, etc. Ce qui permet de différencier les
cuves selon des niveaux de qualité, et selon des aptitudes à être des
vins de longue garde, ou des vins de plus court potentiel, etc...
Ainsi à fin décembre, des cuves de merlot, cabernet-sauvignon,
cabernet franc sont classées A, d'autres B, d'autres C,
d'autres D.
Voir dans EDUCVIN : Votre talent de la dégustation
:
Chapitre 60 : Le bilan de la qualité du vin.
Vous même, courant décembre et janvier vous avez beaucoup
dégusté ces vins qui sont encore très "rustiques", pour vous faire une
idée de la "qualité" du millésime, et pour entretenir des discussions
avec tous les correspondants, courtiers, autres propriétaires, distributeurs,
journalistes, parfois clients, etc., qui vous ont demandé des nouvelles
du millésime juste obtenu, et à quel niveau de prix vous vous mettrez
sur le marché...
Retour menu Bordeaux
L'offre de primeur
Toutes les rumeurs circulent alors mondialement dans
le monde du vin. Bien sûr vous affirmez que le millésime présente des
qualités exceptionnelles, et que pour le prix, vous annoncerez comme
d'habitude votre position en début mars après les assemblages, en tenant
compte de la tendance des cours des bordeaux en général et des médoc
en particulier...
Vous consultez vos statistiques, confrontées à votre
expérience du marché, et vous savez que votre marché mondial du "vin
du château" est d'environ 180 000 bouteilles, soit 15 000 caisses
de 12 bouteilles. C'est la quantité de bouteilles à 5 à 10% près que
tous vos circuits commerciaux peuvent absorber, au-delà de laquelle
le prix baisserait, parce que l'offre excéderait la demande...
Pour l'exemple, ce prix "seuil" pour votre château est de l'ordre de
100 F la bouteille au départ du chai.
Au début février, vous tenez une session d'un jour ou deux avec
vos collaborateurs techniques et financiers, pour réaliser les assemblages
: c'est-à-dire trouver la formule magique d'associer entre elles, dans
des proportions ad-hoc, les cuves dont les vins vont pouvoir potentialiser
dans le long terme toutes les qualités qui sont reconnues à votre château.
Différentes formules de préassemblages, d'assemblages, sont préparées
dans des éprouvettes. Elles sont dégustées, comparées dans leur composition
à celles de millésimes antérieurs de caractéristiques climatiques analogues.
Elles tiennent compte aussi des volumes disponibles de chaque cuve dans
les catégories A, B, C , D.
Elles tiennent compte aussi de votre politique de gommer ou non l'effet
millésime, selon son intensité (dominante ou faiblesse des merlot, structure
tannique des cabernet, etc.), pour respecter la caractéristique du château,
telle que vous en avez habitué les "experts".
Vous supputez de l'évolution que prendra telle formule par rapport à
telle autre, et vous prenez la décision de la formule qui vous permettra
d'obtenir 200 000 bouteilles du Grand Vin du Château, le Premier
vin, car vous analysez qu'en raison de la notoriété du millésime
déjà constituée, dans les circonstances économiques mondiales, et de
l'augmentation de la demande pour des vins de haut de gamme, votre catégorie
de prix sera très demandée.
Dans le chai, la préparation de cet assemblage va se réaliser, après
quelques jours de réflexion, et de re-dégustation ; quitte à déguster
en contrôle à chaque opération d'augmentation du volume dans la grande
cuve d'assemblage de 500 à 600 hl.
Puis ce vin d'assemblage va remplir les barriques dans lesquelles il
va être élevé pendant les 14 à 18 mois prochains avant d'être mis en
bouteilles. Toutes les barriques ne sont pas neuves. Le passage et sa
durée, de telle proportion du vin dans des barriques neuves, de telles
autres proportions dans des barriques d'un an, de deux ans, ou plus,
est déterminé par la pratique coutumière du château, et selon les caractéristiques
tanniques initiales de l'assemblage.
Courant mars-avril, les "faiseurs d'opinions autorisés" ont
parcouru les chais pour déguster les assemblages des châteaux les plus
célèbres, et la rumeur conforte les premières impressions de satisfaction
émises depuis septembre-octobre.
La "place de Bordeaux" bruit du cours d'ouverture auquel va se
positionner le plus réputé des châteaux du Médoc.
Vous même, vous avez pu tester la résistance du marché au prix que vous
vous êtes fixé, et vous annoncez par exemple 100 F. Et vous allez mettre
sur le marché un premier tiers de 40 000 "bouteilles", qui sont virtuelles,
puisque le vin vient de rentrer dans les opérations du chai à barriques.
Vos interlocuteurs sont 4 à 6 courtiers, négociants de la place de Bordeaux,
peu connus du grand public, mais groupés en "syndicat". Depuis de très
longues années, sinon plusieurs générations de propriétaires de votre
château, ils ont l'exclusivité de sa commercialisation "en primeur".
Ils vont jouer le rôle de "placiers" de votre offre "PRIMEUR" auprès
de tous leurs circuits de revendeurs (traders) dans le monde entier,
qui eux-mêmes vont reformuler l'offre auprès de leurs clients consommateurs.
Votre "syndicat" fixe une offre de PRIMEUR qui circule
à partir de mai-juin dans tous les coins du monde, par exemple
à 140 F/ la bouteille (votre prix d'ouverture majoré de leur
marge), avec une alléchante plaquette de souscription, qui décrit bien
sûr les qualités du millésime, les extraits de presse des chroniqueurs
autorisés qui ont eu le privilège de déguster l'assemblage, et surtout
tous les avantages que l'acheteur en PRIMEUR retirera :

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L'acheteur intéressé envoie son paiement, qui
remonte en sens inverse la filière précédente, chacun des intermédiaires
récupérant sa marge.
Il reçoit en contrepartie un certificat de propriété
du nombre de bouteilles correspondant, et il est avisé qu'il recevra
les bouteilles vers juin dans deux ans, lorsque l'élevage
du vin et sa mise en bouteille au château auront été
effectuées.
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Vous, au château, vous recevez les règlements de la
part des opérateurs de votre syndicat, selon les modalités qui ont été
fixées. Vous financez ainsi, environ un tiers du stock du château.
En bout de ligne, aux niveaux des consommateurs de tous
les pays, et au niveau de tous les opérateurs de la distribution, et
si la rumeur de la qualité du millésime est bien entretenue par tous
les médias qui tiennent une rubrique sur les cotations des vins de Bordeaux,
il arrive fréquemment qu'un marché parallèle de "papier" s'établisse.
Car ceux qui n'ont pas pu obtenir du "PRIMEUR" cherchent à en obtenir,
auprès de ceux qui détiennent déjà des réservations. Ainsi une cotation
parallèle s'établit, par exemple à 160 F. Cette spéculation vous
permet d'analyser à quel moment opportun, environ 10 à 12 mois après
la première offre en primeur, vous allez mettre sur le marché
un deuxième lot de 60 000 bouteilles toujours "virtuelles", puisque
le vin est en élevage en barrique, par le même canal, par exemple
à 115 F la bouteille.
Il faut toutefois faire attention de ne pas tarir
le marché par l'offre de primeur du millésime suivant, qui se présente
à ce moment dans le cas de son "exceptionnelle" qualité !
Mise habilement sur le marché par tous les opérateurs en liaison avec
votre syndicat, cette seconde offre va prendre le cours tenu (160 F)
par les transactions de l'offre primeur précédente et s'écouler plus
ou moins vite selon les nouvelles informations et rumeurs qui concernent
le millésime postérieur qui a été récolté, et qui est dans votre
chai...
Pendant ce temps, le vin a fait son élevage en barriques,
ce qui l'amène, par retour dans des grandes cuves pour homogénéiser
la totalité du "grand vin", à un stade où il va être préparé pour sa
mise en bouteille.
Il s'est passé 14 à 18 mois depuis l'assemblage ; et les
bouteilles seront tirées à cadence soutenue dans le mois suivant.
Les premières expéditions vers les détenteurs des papiers de "primeur"
s'effectuent dans les semaines qui suivent.
En supposant que ce scénario se déroule en hypothèse
favorable, les cours officieux peuvent continuer à croître (à 180 F
par exemple), et vous permettront de mettre sur le marché tout ou partie
des 100 000 bouteilles qui ont été remplies non encore réservées,
et qui peuvent être expédiées progressivement, après toutes celles qui
ont été réservées. Votre prix de cession pourra être de 125 F.
Et le public les paiera à 180 F, avec bien sûr toutes les variations
propres aux différents circuits de distribution.
Ce scénario est rose, et donne l'impression d'un "jack
pot". Mais d'autres hypothèses peuvent vous arriver : effondrement économique,
ou crise financière sur un marché ; remise sur le marché d'importantes
quantités de "papier - Primeur" ou de la seconde offre, par des opérateurs
ayant surstocké, ou voulant prendre leur marge sur les hausses déjà
enregistrées ; succession de "grands millésimes" pendant plusieurs
années, qui saturent les marchés spéculatifs ; etc.
La gestion des achats dans le monde du vin est à la croisée des chemins
entre pénurie et abondance, entre vignobles traditionnels et production
planétaire.
Les enjeux relatifs aux stratégies d'investissement deviennent dans
ce contexte de mondialisation, d'une actualité brûlante.
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N'oubliez pas vos 322 500
autres bouteilles ! (522 000 - 200 000) pour faire du "second
vin"
Lorsque vous avez préparé l'assemblage du "grand vin",
vous avez aussi préparé l'équivalent de 150 000 bouteilles, par
exemple, avec des cuves, aux caractéristiques proches de celles rentrées
dans la composition du " grand vin ", pour faire le second vin.
Seul un dégustateur très averti, percevra la moindre qualité :
dans les premières années d'un très bon millésime, le deuxième vin pourrait
être confondu avec le grand cru, même par un connaisseur... La confusion
s'estompera au fil des ans, car la faculté de vieillissement du second
est moindre.
En effet, en plus de ses différences de constitution, cet assemblage
va suivre un cycle d'élevage moins long en barriques, de 4 à 5 mois,
ou en foudre, qui permettra de commercialiser le deuxième vin du château,
dès les 12ème à 14ème mois après la récolte.
Ce vin ne porte pas le nom du château; mais comme la plupart
de vos collègues, l'étiquette évoque d'une façon discrète sa provenance.
Depuis plusieurs années, les amateurs de vin, se sont aperçus de la
bonne qualité de ce type de vins, et leurs prix se sont revalorisés,
pour atteindre dans votre cas 60 F la bouteille.
Les crus classés
du Médoc...
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...et leurs
seconds vins
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Premiers Crus
Lafite Rothschild
Margaux
Latour
Haut Brion (Graves)
Mouton-Rothschild
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Moulin des Carruades
Pavillon rouge
Les forts de Latour
Bahans-Haut Brion
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Deuxièmes
crus
Léoville Las Cases
Léoville Poyferré
Léoville Barton
Dufort Vivens
Gruaud Larose
Lascombes
Brane Cantenac
Pichon Longueville Baron
Pichon Longueville -Comtesse de la Lande
Ducru Beaucaillou
Cos d'Estournel
Montrose
Rausan Ségla
Rauzan Cassiès |
Clos du marquis
Moulin riche
Lady Langoa
Domaine de cure-bourse
Sarget
Ségonnes
Le baron de Brane
Tourelles de Longueville
Réserve de la comtesse
Clos de la croix
De Marbuzet
La dame de Montrose
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Troisièmes crus
Kirwan
d'Issan
Lagrange
Langoa Barton
Giscours
Malescot Saint Exupéry
Cantenac Brown
Boyd Cantenac
Palmer
La lagune
Desmirail
Calon Ségur
Ferrière
Marquis d'Alesme Becker
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Margaux " private réserve "
Les fiefs de Lagrange
Grand goucsir
Dame de Malescot
Ludon pomiès agassac
Baudry
Les remparts de Ferrière
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Quatrièmes crus
Saint Pierre Sevaistre
Talbot
Branaire Ducru
Duhart Milon Rothschild
Pouges
La tour Carnet
Lafon Rochet
Beychevelle
Prieuré Lichine
Marquis de Termes
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Moulin de Talbot
Duluc
Moulin de Duhart
Sire de camin
Le N°2 de Lafon
Amiral de Beychevelle
Clairefont
Les Gondats
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Cinquièmes crus
Pontet Canet
Batailley
Haut Batailley
Grand Puy Lacoste
Grand Puy Ducasse
Lynch Bages
Lynch Moussas
Sauzac
Mouton Baronne Philippe
Pédesclaux
Camensac
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Les hauts de Pontet
La tour d'Aspic
Artigues Arnaud
Haut Bages Averous
Belle rose
La closerie de Camensac
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La différence de prix entre le grand vin et
le second vin, vaut-elle
la différence de qualité ? En septembre 1998, une foire aux vins
LECLERC affichait
Communes
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Premiers grands crus
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Prix
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Seconds vins
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Prix
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Rapport
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Pauillac
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Latour 1994
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1 190 F
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Forts de Latour 1989
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399 F
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= 3
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Pauillac
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Lafite Rothschild 1995
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1 690 F
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Carruades 1995
|
218 F
|
= > 7
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Margaux
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Margaux 1995
|
1 999 F
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Pavillon rouge
|
282 F
|
= 7
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Un Lafite Rothschild vous aurait-il donné
7 fois plus de plaisir de dégustation que son "second" des
Carruades ?
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Il
y a encore 172 000 bouteilles ! (522 500 - 200 000 - 150
000) pour faire du "troisième vin". Parmi les
cuves qui restent, certaines sont encore de bon niveau, et comme le
vin a droit à l'appellation communale, vous avez lancé depuis plusieurs
années un "troisième vin" dont l'étiquette n'indique pas la provenance,
sauf pour de vrais initiés.
Mais la qualité dégustative est significativement moindre que celle
du deuxième vin. Les procédés d'élevage sont simples.
La commercialisation de ce vin va s'opérer à un prix de 30 F.
100 000 bouteilles peuvent être tirées sous cette étiquette.
Et les 72 000 bouteilles QUI RESTENT ?
(522 500 - 200 000 - 150 000 - 100 000). Elles feront du "bordeaux"
ou du "bordeaux supérieur" ! Puisque votre
château est en Gironde ! Les vins qui restent dans les cuves
qui n'ont pas été utilisées pour les autres préparations, ont le droit
à l'appellation générique bordeaux, puisqu'ils ont été produits dans
le département de la Gironde. Un négociant spécialisé dans l'assemblage
et la commercialisation de cette appellation, vous achètera le lot,
selon la cotation du moment :
xxxx F le tonneau, soit yy F la bouteille.
Votre "troisième vin" sera en compagnie de l'illustrissime
"Mouton cadet", remarquable réussite marketing, dont
le volume commercialisé dans le monde se compte en millions de
caisses de 12 bouteilles de "bordeaux supérieur".
Initialement, il fut le "cadet" de Mouton, vendu à
quelques clients, qui s'honoraient d'avoir les bouteilles du "vin
de tous les jours du baron"...
Aujourd'hui la part de "bordeaux" de provenance de Mouton
est devenue infinitésimale dans chaque bouteille de "Mouton
cadet" !!!
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Bordeaux suite...
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