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Domaines viticoles et tastevinage

Les domaines viticoles restent familiaux et morcelés sur 25 000 ha.
L'exemple du Chambertin, ou du Clos de Vougeot (Voir Chapitre 59 : grand cru ?), montre l'atomisation parcellaire du vignoble. Les domaines sont constitués de parcelles disséminées dans plusieurs appellations.
Le coût d'exploitation de ce "jardin viticole"est très élevé, et convient à des exploitations de petites tailles.
De quelques ares à quelques dizaines d'hectares.
La mosaïque de terroirs, la multitude de parcelles à petit rendement, et sa centaine d'appellation donnent à la Bourgogne une impression de minuscule à côté des vastes domaines de Bordelais, où le moindre château s'étend en un seul tenant sur 15 ha jusqu'à 120 ha pour les plus grands.
La Bourgogne produit 1 600 000 hl de vin. Bordeaux près de 7 000 000 hl.

Voir région Bordeaux.

Le capitalisme foncier bourguignon reste familial, et la crainte d'être racheté ne hante pas les propriétaires bourguignons, comme les châteaux bordelais ont été achetés et revendus dans la dernière décennie par des investisseurs, étrangers aux affaires viticoles (Banques, Assurances, Industriels, etc.).
Ce capitalisme familial n'empêche pas cependant que certaines situations soient explosives entre les membres d'une même famille, au moment des successions, ou de toutes autres situations économiques obligeant les divisions entre actionnaires-héritiers des parts des domaines.
Certains domaines ont une valeur de plusieurs dizaines de millions de francs...

Par exemple en Côte d'Or, en 1999, les prix le plus souvent pratiqués, hors taxes et frais d'acte non compris ont été de 216 000 FF pour un ha en appellation régionale,1 680 000 FF en appellation communale, 3 000 000 FF en premier cru, et 10 200 000 FF en grand cru.
Ainsi, selon cette cotation, les 14,11 ha du Chambertin (voir ci-dessus) seraient "vendables" au moins à 144 millions de FF, si le Chambertin appartenait à un seul propriétaire. Or ils sont 34 propriétaires, et lorsqu'il y a des transactions sur le Chambertin, il ne s'agit que de quelques dizaines d'ares à la fois...
En Mâconnais, le prix des vignes varie de 60 000 FF à 1 100 000 FF.
Dans l'Yonne, les appellations de Chablis vont de 200 000 FF/ha à 1 300 000 FF.

Il n'y a pratiquement pas d'intrusion capitalistique en Bourgogne, pour la simple et bonne raison de la faiblesse du rendement du capital de 2 % à 3 % par an. C'est nul, et ça ne suscite pas l'intérêt des grands groupes français ou étrangers, qui de surplus, ne peuvent pas raisonner à la dimension d'une parcelle de Montrachet d'un "journal" (Ancienne unité de mesure, encore désignée en Bourgogne avec l'ouvrée, correspondant à la surface qu'un homme pouvait labourer en une journée avec un cheval = environ 1/3 d'ha).

Le négoce bourguignon

Par contre, l'activité du négoce bourguignon s'est fortement concentrée depuis 15 ans, et les "noms des maisons" ont été rachetés par quelques groupes, eux-mêmes bourguignons (Boisset, Cottin, Piccard, etc.), qui ont fait main basse sur une kyrielle de marques, dont ils continuent l'exploitation commerciale. Le principe est de remplir des bouteilles étiquetées sous des marques différentes avec le même vin. Chaque marque est en général dédiée à une enseigne de distribution...

Sous les noms des "maisons" les plus célèbres de Beaune, elles-mêmes propriétaires de parcelles dans les appellations les plus prestigieuses, des capitaux étrangers à la Bourgogne sont venus s'investir à l'occasion de nécessités financières : Bouchard père et fils est au main de la maison de Champagne Henriot. C'est une société de distribution de vins américaine qui est majoritaire chez Jadot. Des japonais ont pris place chez J. Drouhin.
Rodet est passé chez la banque Worms. Chez Chanson Père et fils, au moment de fêter son 250 ème anniversaire, la famille Marion a cédé ses parts à la famille de Bollinger de Champagne. Latour semble avoir gardé son indépendance financière, parce que cette maison a trouvé des ressources de croissance en investissant massivement en Ardèche dans les années 1980, pour produire du vin de pays-cépage chardonnay...
Cependant dans presque tous les cas "des membres de la famille" sont restés aux manettes de l'exploitation viticole et du négoce, tellement c'est compliqué de comprendre le fonctionnement de cet enchevêtrement relationnel local, entre propriétaires et négociant.

Etes vous bourgogne ou bordeaux ?

Le Monde a traité ce sujet le 23 juillet 1999, dans un long article. "Autant qu'affaire de papilles, la rivalité entre les deux terroirs est aussi une question d'hémisphère cérébral et de statut social. Ce clivage relève de la divergence entre le prestige associé à la puissance de communication du bordeaux et le penchant paysan du bourgogne. Ce clivage influence la perception que l'on peut en avoir."

La Bourgogne est le vignoble des extrêmes : celui des grandes émotions, et celui des grandes déceptions. D'une parcelle à l'autre, dans la même appellation, un vigneron peut avoir réalisé quelque chose de sublime - conforme à son image de prestige -, et son voisin mérite seulement la simple appellation régionale !

Pour goûter à un cru d'exception, il faut dépenser des sommes folles, et personne n'est à l'abri d'amères déceptions. Pour moins cher, on s'offre un bordeaux dont on est sûr qu'il laissera un bon souvenir.

Voir EDUCVIN Votre Talent de la dégustation :
Chapitre 59. Le bilan de la qualité.

Chacun défendra son camp, au gré des expériences de dégustation.

Les fluctuations des ventes aux enchères des Hospices de Beaune

Voir tableau, 37 ans d'enchères des Hospices

En 1993, l'évolution des enchères du 3ème dimanche de novembre a eu de quoi effrayer les administrateurs de l'institution des Hospices de Beaune.
Cet effondrement semblait corroborer certains titres ravageurs de la presse internationale, et même nationale, constatant la dilution gustative des bourgognes, conséquence directe de la croissance continue des rendements.
Sans être la mercuriale de la Bourgogne, le cours des enchères annonce l'ambiance commerciale de la campagne qui débute.
En 1993, ce prix moyen des pièces des Hospices correspondait au double de celle de la propriété.
Pour 1994, les administrateurs ont édicté une discipline de fer pour le rendement : le nouveau régisseur a contraint ses 22 vignerons à faire tomber plus du tiers de la récolte potentielle en août. Du jamais vu à Beaune, à ce stade de sacrifice !
Les rendements de 1994 ont été de 25 hl/ha pour les rouges, et 39 hl/ha pour les blancs.
Les cours se sont redressés en 1994, avant de prendre l'ascension fulgurante de 1997.

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Tastevinage

Le Tastevinage de la "Confrérie du Tastevin".

Chaque année, la "Confrérie des Chevaliers du Tastevin" organise au Château du Clos de Vougeot, deux séances de Tastevinage : au printemps pour les vins rouges, et en automne pour les blancs.
La question qui est posée à 250 dégustateurs organisés par table de 4 à 5 pose beaucoup de réflexions subsidiaires : "Ce vin est-il digne de son appellation et de son millésime ? En est-il bien représentatif ? Est-ce un vin que je serai heureux de possèder dans ma cave et fier de l'offrir à un ami ?".

Les jurés ont à se prononcer "à la parlante" sur une quinzaine de vins.
Cette sélection, qui se déroule dans une toute autre atmosphère que celle d'un concours (Voir EDUCVIN. Votre talent de la dégustation : chapitre 1. Peut-on trouver le nom d'un vin dans un verre ?) ne retient que de 30 à 40 % des vins présentés, selon les sessions, qui répondent positivement à la question.
Les propriétaires de ces vins peuvent alors les étiquetter avec la célèbre estampille armoriale de la Confrérie.
Très bien pour eux.
La Bourgogne se flatte le nombril et s'ennorgueillit de ce Tastevinage !

Mais la simple question de bon sens qui vient à l'esprit est : "Et les deux autres tiers de ces vins de provenance de la Côte d'Or de quoi sont-ils dignes ? Sont-ils tout simplement mauvais pour ne pas avoir été retenus par des "amateurs" ? Sont-ils dans le commerce ? Et cependant les vignerons qui ont présentés volontairement ces vins non retenus croyaient-ils que leur vin était une "merveille" digne du Tastevinage ? Qu'en est-il de tous les vins qui ne sont jamais candidats au Tastevinage, et ils sont une multitude (plus de 90 % !), par rapport au petit échantillon de candidats ? Ai-je acheté des vins refusés au tastevinage ? Est-il normal que des vins jugés "non dignes ni de leur appellation, ni de leur millésime" soient vendus au même prix que ceux qui sont lauréats ?". Etc.

Chacun peut apprécier à son juste niveau le degré de mystification du public sur la qualité des vins de Bourgogne par cet artifice de communication où le prestige et le faste des soirées d'intronisation de la Confrérie servent de masque à la très fréquente médiocrité qualitative des vins de Bourgogne...

Pour vous convaincre de la validité de cette affirmation, vous pouvez :

1. Relire attentivement EDUCVIN, Votre talent de la dégustation Chapitre 60. Le bilan de la qualité du vin.

2. Poser des questions pertinentes à la Confrérie des Chevaliers du Tastevin, 2 rue de Chaux, BP 12, F-21701 NUITS ST-GEORGES. Tel 33 (0)3 80 61 07 12. Fax 33 (0)3 80 62 37 09.

Qui ne manquera certainement pas de vous "tasteviner" dans un grand manteau d'apparat de la Confrérie, aussi opaque que la qualité des vins de Bourgogne...
N'essayez pas non plus, à moins que vous soyez un éminent "jet-society-member", ou dans le "show-biz", ou dans la diplomatie, ou les grandes affaires, etc., d'obtenir une place pour assister à l'une de ces tastevinage-parties : la participation est réservée à des célébrités susceptibles d'apporter de la notoriété à la manifestation...Et la liste d'attente est très longue...

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Radioscopie d'une bouteille de Bourgogne

sans frais d'élevage en pièce de bois

Bouteille lourde Tradition

1,25 F HT

Bouchon de qualité N°1

1,25 F HT

Capsule en aluminium

0,42 F HT

Etiquette, collerette, contre-étiquette, 3 couleurs avec dorure

1,40 F HT

Main d'oeuvre de préparation : tirage, stockage et habillage

0,73 F HT

Amortissements des bâtiments, embouteillage, matériel d'habillage

0,70 F HT

Palette de support + film étirable

0,09 F HT

Carton (12 bouteilles avec intercalaires)

0,45 F HT

Travaux Fournitures Services Extérieurs

0,10 F HT

Frais commerciaux

1,55 F HT

Droits de circulation

0,17 F HT

Cotisations, taxes d'enregistrement

0,18 F HT

Frais de vinification

1,35 F HT

Perte en vin, filtration

0,29 F HT

Frais de distribution

0,35 F HT

Frais de communication

0,22 F HT

TOTAL

10,50 F HT

 

Dégustation comparative des Bourgogne Blancs

 

Plus de connaissances dans EDUCVIN :Votre talent de la dégustation
Chapitre 17. Le vocabulaire du vin blanc

Dégustation comparative des Bourgogne Rouges

 

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Chapitre 36. Les trois dimiensions du vin rouge

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